dimanche 30 novembre 2014

Cochon d'Harlequin !

Trouver un vrai beau cadeau n’est pas chose aisée. Il faut s’assurer qu’il plaira à la personne à qui on va l’offrir, afin qu’il ne soit pas qu’un plaisir personnel.

Sinon, on tombe à plat à tous les coups. On est d’accord.

C’est pourquoi il y a quelques années, décidée à enfin changer du sempiternel flacon de parfum ou boite de chocolats, je me décidai à me rapprocher de ma mère pour savoir quoi offrir d’un peu plus personnalisé à ma grand-mère ! 

« Mais Axe… elle n’a plus besoin de rien, mamie, tu sais.
- Oui, je sais, mais je voudrais changer un peu. Alors, donne-moi une idée !
- Bon … Je sais qu’elle aime bien lire les bouquins, tu sais, les Harlequins ? Ces trucs à l’eau de rose, là… Bin, voilà, tu lui en prends un ou deux et ça ira, t’en fais pas. »

Me voilà partie, donc, pour trouver ZE livre qui ferait palpiter encore un peu, le vieux cœur de ma grand-mère. 

Arrivée dans le supermarché, au rayon lecture, quelle ne fut ma surprise de trouver un rayon quasiment rempli de « livres à l’eau de rose » !! … Deux solutions … 
Soit nos maisons de retraite sont pleines de petites vieilles en mal d’amour, et là, moi je dis alors, qu’au lieu de les envoyer en voyage organisé au milieu de la pampa dont elles se battent les oreilles, peut-être faudrait-il envisager un stage dans les vestiaires d’un Rugby Club quelconque, qui leur procurerait une diversion visuelle et émotionnelle non négligeable, à n’en pas douter ! Action sponsorisable, pourquoi pas, par un cabinet de cardiologie, avec actions à la clé, tout ça …
Soit la France est tombée très bas dans la diversification de ses lectures ! 

Me voilà donc, bien embêtée devant des centaines de livres dont pas un n’est intitulé clairement Harlequin ! Même pas Hpierrot voire Hcolombine, que dalle ! 
Cherche, cherche … Prends un livre, lis le résumé, repose. Prends un autre, lis le résumé, repose …


Pendant un bref instant, je me trouvai projetée dans le sketch de Dany Boon, entre Steve et « Cindy la freudreuse…Cindy, la ? Freu... dreuse... Cindy, la ??? La FREUDREUSE !!! La freudreuse ??? La ??? Sulfureuse !!! Cindy, la sulfureuse ! »

Après avoir parcouru plusieurs résumés, finalement, plus ou moins identiques, je me décidai à en prendre un au hasard, en le choisissant, c’est bien connu, par le moyen le plus impartial : son apparence ! 

J’en découvris certains, dotés d’une superbe couverture rouge rubis, dont les protagonistes me paraissaient identiques à tous les autres : un homme brun cheveux mi-longs, chemise blanche laissant deviner sa forte musculature, penché sur une blonde aux cheveux longs et ondulés, bouche entrouverte,  caraco blanc laissant deviner sa forte poitrine … des gens normaux dans une vie normale, quoi.

Allez, ça allait bien comme ça, j’en attrapai deux et partis pour la caisse.

Noel enfin, j’offris les livres à ma grand-mère qui me remercia et quelques jours passèrent.

Un matin, le téléphone sonna :
« Allo ?
- Allo, Axelle ? C’est mamie !
- Yo,  mamie, quoi d’neuf (j’ai bien tenté il y a quelques années, le "WAAAASUP", mais ma grand-mère n’est pas terrible en anglais…) ?
- Dis … (imaginez là-dessus un accent pied-noir à couper au couteau) … les livres que tu m’as offerts …
- Oui…
- Dis moi …C’est de la POR-NO-GRA-PHIE !
- De la quoi ?? Mamie, relativisons, c’est Harlequin, quoi …
- HEIIIIN ?? HARLEQUIIIIN ?? - s’exclama mon Roger Hanin féminin - Tu plaisantes ?... Ecoute-moi. Dès le premier chapitre, ça y va. Et quand je te dis « ça y va », crois-moi, ma fille, CA-Y-VA ! Au début, je me suis dit, bon, c’est un peu chaud, mais c’est pour démarrer, peut-être c’est pour accrocher le lecteur. Je me suis dis, c’est pas grave, Yvonne, continue à lire ! Quand j’ai eu finis le premier chapitre, j’étais rouge pivoine ! Je te dis pas comme j’étais soulagée de passer au second chapitre… Mais dès les premières lignes, tu m’crois, tu m’crois pas … Y REMETTENT CA !! Alors, moi, je me dis, comment ? …Ca va être ça tout le long ?... Ils sont pas fatigués ?? (« on n’est pas fatigué ! Vous êtes fatigués ? »... pardon) Après tout ce qu’ils viennent de faire ?? Et vas-y que je copule à droite, vas-y que je copule à gauche …Et crois-moi, ma fille… J’ai eu DEUX maris, d’accord ? Pas un, deux ! Et bin, y en a pas un qui m’a fait toutes les choses décrites dans ce bouquin ! ET ILS SE SERAIENT PAS AMUSES A ME LE DEMANDER, CROIS-MOI !
- … C’est un regret, mamie ?..."
Elle rit :
« Tié » bête … écoute-moi, en tous cas, ces livres, tu vas les reprendre, hein…
- Mais non, mamie, tu…
- Non, non, non ! Je te jure que je ne les lirai jamais. Dis, quand même … A mon âge…
- Justement ! Le monde a changé, tu sais, peut-être que tu vas apprendre des choses !
- Oui, oui, oui, oui, oui … Mais non ! C’est pas à 90 ans que je vais refaire mon éducation sexuelle… Alors, tu vas les reprendre et l’année prochaine, écoute, prends-moi des chocolats, va… J’aime bien les chocolats. »

Quand « Cinquante nuances de gris » fut publié, j’eus un moment de délicieuse hésitation … Allais-je me taper le délire de le lui offrir ?... Après tout, peut-être pouvait-elle croire naïvement au départ,  à un nuancier capillaire de chez Jacques Dessange ?

Je finis chez Jeff de Bruges … 



Copyright 2014

mardi 4 novembre 2014

J'vous ai apporté des bonbons ...

A la mémoire de deux de mes grands-parents et surtout de mon grand-père, Nello. 

C’est dimanche.
Et un dimanche par quinzaine, on n’y déroge pas : la visite familiale à la maison de retraite de papinouss et maminouss … 

Ces Nouss là, ce sont mes grands-parents à moi, les arrières-grands-parents de mes gnomes. Ces derniers, vous imaginez bien, trépignent de joie à l’idée d’aller passer deux heures  dans un endroit qui respire la bonne humeur et le dynamisme… 

Mais ils sont gentils, comprennent ce que veut dire le mot « famille » et acceptent, sans trop rechigner. 
Et puis surtout, ils sont encore petits et n’ont pas le choix ! Ca aide pour la motivation des troupes … 

Les grands-parents, eux, sont sincèrement ravis d’avoir de la visite et de  pouvoir un peu cracher tout le venin emmagasiné, contre le personnel… peuh… « médical » ??? 

Nous nous préparons donc à passer un moment aussi agréable que celui qu’a du passer Louis XIV, lors de l’opération de sa fistule anale.

Pas la première, la seconde … Parce que la première, il ne savait pas, le pauvre bougre, à quel point il allait en chier sa race. Il a du laisser approcher les médecins de son royal trou de balle, avec confiance et candeur ! 
« Vous voyez, Docteur, c’est là que j’ai bobo … 
- Oui, oui, oui, oui, oui, je vois bien, je vois bien … Respirez un grand coup, Majesté ! Ca va picoter un peu … » 

Qu’à la seconde … 

Imaginons deux secondes ce qu’a pu se dire le conseil médical qui s’est réuni afin de l’informer de la deuxième intervention à vif. 
« Dites, heu, les gars … Hé, les gars … Cette fois, c’est pas moi qui lui annonce, hein ! Ah bin, non, vous m’avez déjà fait le coup la dernière fois ! Oui, mais la dernière fois, on l’a eu par surprise ! On lui a dit que ce serait à peine plus douloureux qu’un suppo ! Là, le coup du suppo, chuis pas sûr qu’il  le gobe, cette fois ! Quoi, Félix ? Aha, très fin … Ouhais, un suppo, ça se gobe pas par la bouche, aha, aha, aha … Tiens, bin, puisque t’as sucé un clown, ce matin, donne moi un chiffre entre 1 et 12 ! 9 ? Perdu, c’était 3, allez, c’est toi qui t’y colle ! ». 

Ah cette fâcheuse tendance à s’égarer … Je reviens donc, à mes petits vieux à moi ! 

Contrairement à l’ambiance légèrement pesante attendue, la grand-mère nous accueille par un : 
« Tu sais pas ce qu’il a fait, ton grand-père ?? », étouffant un rire gêné … 
Le grand-père cité, assis sur l’unique fauteuil en skaï blanchâtre de la chambre, commence à glousser … Doucement … Puis, y va plus franchement, le regard malicieux. 
La grand-mère le reprend, avec un air coupable et l’accent de Marthe Villalonga : 
« Arrête, quand même … » 
- Quoi ? Qu’est-ce que tu as fait, encore, papi ?? » 

Le papi, qui a encore toute son énergie pour une personne de 87 ans, est la coqueluche de ces dames, en ces murs où la gente masculine non baveuse et ne souffrant pas d’énurésie se fait rare … 

Quand sonne l’heure du repas de midi, un des rares moments qui rythme encore des journées sans fin, c’est la bagarre parmi tous ces braves gens ! A celui qui arrivera le plus vite ! 

Et le plus rapide, c’est Papi ! 

Alors, quand on est une femme d’un certain âge et qu’on est en fauteuil roulant, on se met sur le chemin du papi et on l’agrippe (ou du moins, on tente) quand il passe. 

Ca a un côté fun, pour toutes ces personnes qui ont oublié le parfum de la grande ville … On a presque l’impression d’attendre le bus ! On lève la main et en avant, Simone, c’est moi qui klaxonne ! 

Et le papi, il attrape le premier fauteuil roulant qui a réussi à se placer devant les autres  et c’est parti pour la course dans les couloirs de la maison de retraite ! 

Tel un chauffeur de « push car », il court, galope, fait des petits contre-dérapages, prend les virages serrés, au plus grand plaisir de certaines courageuses occupantes. 

Grisées par le semblant d’air qui ébouriffe leur indéfrisable, certaines, dans un râle rauque, mettant dans ces quelques mots, toute leur dernière énergie, crient aux imprudents : « Poussez-vous ! Mais poussez-vous !!". 

Le malheur, dans ces cas-là, c’est que, comme dans toute course, il ne faut pas d’obstacle sur le parcours. 
C’est ce qu’a eu la malchance d’apprendre à ses dépends, une autre habitante de la maison de retraite, valide, elle (du moins, jusque là), mais pas assez rapide pour échapper au bolide … 
STRIKE ! 
… La malheureuse est à l’hôpital pour une entorse à la cheville … 

Le papi, un peu coupable quand même en rit encore … 
«  … Et encore… Z’aurai pu faire coup double… oui ! Si la vieille dans le fauteuil avait volé, en plus … ! Parce que z’ai freiné un peu, quand même …». 
Et de rire carrément … 
« Ma elles m’énervent aussi, toutes ces vieilles ! s’exclame, en plus, le Bip Bip du troisième âge – ‘sont au milieu, toutes gnagnagnan (en mimant des vieilles gâteuses) ! Maintenant, elles feront attention ! » 

Ah ça ! Grave ! Pendant les mois qui ont suivi, devant l’attitude de décalcomanies épouvantés adoptée par la majorité des habitants de la maison de retraite à la moindre apparition du grand-père, le corps médical a longuement hésité à équiper chaque fauteuil roulant d’avertisseurs sonores !   

Après cet intermède, il est temps de rendre visite à ma seconde grand-mère qui, elle, est dans le pavillon des Alzheimer… 
La Folle Journée d’Axelle Bueller sans Bueller ! 

La Gnomette souhaite m’accompagner. 

Toutefois, avant d’atteindre mémé, nous devons traverser le Groupe des mamies-impotentes-qui-ont-toute-leur-tête … 
Et là, que de tristesse… L’une d’entre elles a 102 ans ! Elle entend parfaitement et parle de telle sorte que je l’imagine très facilement, à 20 ans, en aviatrice rebelle traversant l’atlantique ! 

Aujourd’hui, prisonnière d’un corps qu’elle ne contrôle plus, elle attend que ça se termine … les jours sont longs. 
« Oh oui, c’est long  … » enchaine une seconde, qui ne veut pas rester en rade. Celle-ci semble être un peu moins consciente de ce qu’elle dit. 
Du moins, c’est ce dont j’essaie de me convaincre, lorsque nous nous lançons dans une conversation passionnante concernant les boules qu’elle a à l’anus ! 

Oui … La pudeur semble parfois être inversement proportionnelle à l’âge … 

Ma fille, bien éduquée, écoute religieusement madame nous raconter dans le détail ses boules anales.

A deux doigts de lui gerber dessus ou du lui envoyer l’équipe médicale de Louis XIV pour rafistoler son scrotum, je décide finalement qu’il est temps de couper court aux confidences amicales de la dame et lance un joyeux : 
« Bon, ça c’est fait et c’est pas tout, mais je dois aller voir ma grand-mère ! Bonne journée à toutes, à bientôt ! » 

Et là, ma crevette de 7 ans me prend la main et  me chuchote : 
« Elle a trop d’chance, la dame, maman … 
- Pourquoi ? 
- Elle a des bonbons à l’anis !!!!! » 



Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur la fistule royale, bande de petits vicelards !  : 
Et puis Google est votre ami, n'hésitez pas à taper "Fistule Roi Soleil" ! 


Oh, sa mère ! 


Copyrigth 2014

dimanche 12 octobre 2014

Peureux, Dracula !

J’adore Halloween …
Ouhais, je sais, c’est commercial et ce ne sont pas NOS coutumes, je sais, je sais …
N’empêche que je trouve que ça met de la couleur et de l’animation dans un automne souvent gris, froid et pluvieux et que cela nous permet de franchir cette période triste qui s’éternise entre la fin de l’été et l’arrivée de Noël…

Lorsque l’engouement français pour cette fête celtique a débuté, mon fils avait deux ans, ma fille n’était pas encore née.

En octobre 2001, nous étions réunis chez mon beau-frère et ma belle-soeur, afin de passer ce moment festif ensemble.
Nous-mêmes n’étions pas déguisés (sauf mon beau’f, mais ch’uis pas sûre que c’eut été volontaire !)…

Nous étions en train de finir de dîner, lorsque soudainement … (rappelez-vous, toujours laisser des points de suspension après "soudainement". Ca renforce l’effet de suspens …suspension/suspens, c’est fait pour !)… soudainement, écrivais-je, on sonna à la porte !
Nous, les adultes, savions, évidemment à quoi nous attendre, mais les trois enfants présents, âgés respectivement de 5, 3 et 2 ans, absolument pas ! Préparés que l’on était à quelques petits cris d’effroi, des rires…etc…
Mon beau-frère ouvrit donc la porte, en donnant du "mais-qui-donc-que-c’est-qui-sonne-à-cette-heure" d’usage !
Partagés entre doute et appréhension, il est fort probable que les gnomes aient pu penser découvrir, sur le perron, le Père Noël, légèrement en avance sur le calendrier, le bougre ! 
Mais comme il est vieux et sénile, limite, ça pouvait passer.
Que nenni, mes amis … Sur le seuil, une petite sorcière et un mini fantôme tout meugnons, accompagnés d’un vampire adulte !

Et là, le drame survint…(rappel, points de suspension.)

A mon avis, cet adulte avait un rêve … 
HE HAD A DREAM, messieurs dames ! Le rêve de sa vie était d’être un VRAI vampire. La griserie de se transformer en chauve-souris à volonté, peut-être, de dormir la tête en bas, va savoir…
Ou tout simplement, l’attraction du côté obscur de la Force. Ne jamais sous-estimer le Pouvoir du Côté Obscur, jeune Padawan !
Et cette nuit, THIS-NIGHT, il avait enfin l’opportunité de vivre son rêve. Impossible de passer à côté. Rien ni personne n’aurait pu l’en dissuader ! Cette nuit serait SA nuit ! 
Dans la vie courante, il était peut-être mécanicien ou boulanger ou pharmacien ! Mais ce soir, il était DRACULA !
Entre ça ou être Yoda, franchement.... On comprend que le choix ait été rapide.

C’est la raison pour laquelle, j’en suis convaincue, lorsque nous avons ouvert la porte, il a poussé ZE hurlement-qui-tue-trop-de-sa-mère en écartant vivement les bras, qu’il avait drapés dans une longue cape noire !
Ce cri sonnait tellement vrai, mes amis …(déjà, on a failli perdre mon beau-frère) ! Nous avons bien senti que cela venait du plus profond de lui-même, qu’il y avait mis tout son cœur, qu’il s’était certainement entraîné devant son miroir pendant des heures et des heures …

Au contraire de mon fils qui lui, ne s’était pas du tout préparé à ce moment... 
Mais je vous promets que le hurlement de ce dernier fut dix fois supérieur à celui de Batman !
Un cri strident, à percer les tympans de tous les monstres que Buffy n’aurait pas encore massacré, qui a duré pendant près de 3 minutes sans interruption et sans reprise de souffle !
Du grand Sport !
De quoi faire passer la Callas pour une asthmatique souffrant d’une bronchite dégénérative !

Le hurlement de l’adulte-qui-rêvait-de-devenir-Dracula s’est transformé en braiment apeuré.
Il a  certainement regretté de ne pouvoir se métamorphoser illico en chiroptère, pour fuir, tel un misérable, par une quelconque fenêtre !
Peureux, Dracula, fuis, vole, cours et me venge ... 
Le fantôme et la sorcière se sont mis à hurler aussi et nous, parents indignes, riions à ne plus pouvoir respirer !
Un boucan de tous les diables dans cette maison. Mais pour un soir d’Halloween, après tout...

Nous avons mis plus d’ ¼ d’heure à réconforter Le Gnome et nous avons du passer deux fois la cassette des Teletubbies (qui, à mon sens, était bien plus traumatisante) pour le calmer… 

Nous n’avons plus jamais fêté Halloween depuis. Je me demande si Dracula oui … 

Pour l'anecdote finale et que vous preniez bien conscience du POIDS du traumatisme subi, nous sommes partis à Disneyland Paris, pour les vacances de la Toussaint, il y a à peu près 3 ans. 
Le gnome avait 12 ans. 
Au moment de l'inscription, PAS UNE SEULE SECONDE, l'idée ne m'a effleurée qu'à cette période-là, dans un parc américain, il y avait quand même 99,99999% de chances pour que le thème retenu soit Halloween, hein ... Allez, on n'est pas des blaireaux, on le sait !

Sauf que je n'ai jamais osé le dire au Gnome ... 
Une fois arrivé sur place, SURPRAÏSE !! 
Il a passé les 3 jours à regarder de tous côtés, sur le qui vive en permanence et le malheureux Capitaine Crochet qui a voulu lui faire peur en lui sautant sur le râble avec le cri de la mort, doit encore s'en souvenir, parce qu'il n'est pas passé loin de l'arrachage des ligaments du genou gauche, vu le shoot que lui a mis mon fils !

On a tous des traumatismes, en nous ...
Ma plus jeune soeur, Jo, c'est Freddy Krueger, le gnome, c'est Halloween et pour le père de famille et le jeune en CDD, obligé de répondre à ses potes qui le questionnent : "Tu fais quoi, dans la vie ? ", "... Capitaine Crochet ..." 
Là, plusieurs réactions, hein ...
La première, classique: "Mouhahahahahaha !" ... Normale, attendue.
Une autre "Naaaan, trop cool !! Et t'as fait quoi, comme école ?".
Celle d'un potentiel futur employeur : "Capitaine Crochet ?... Interessant. Et ça consiste en quoi, comme travail, à part courir après un garçon en collant vert moule-bite qui a pris suffisamment de LSD pour croire à un pays imaginaire et que de la poussière peut le faire voler ?" (Vous trouvez que je brise les rêves des enfants ?... Attendez que je vous donne ma version de cette s... de Cendrillon qui a fait croire à des millions de petites filles que le Prince Charming existait ...)
Ou enfin, celle du père de la petite amie "Vous faites quoi ?... Capitaine Crochet ?... (long silence résigné) Putain, tu nous auras vraiment ramené tous les cas soc' de la planète, toi !". 
Bref, encore une fois, je m'égare.

Je disais donc que nous avons tous nos traumas et pour le Dracula-de-mon coeur-que-quand-je-te-vois-même-pas-peur- et pour Capitaine O Capitaine, eh bin, c'est mon gnome à moua.

... 'suis fière ... :)




Copyright 2014.

vendredi 3 octobre 2014

Un jeune retraité.

(Cette histoire s'est déroulée il y a 5 ans). 

Mon fils, appelons avec tendresse, Le Gnome rentre de l’école avec une nouvelle importante : 
Il veut se faire baptiser !

Après tout, il a 10 ans, tous ses copains sont baptisés et il s’est pris trop la honte, quand la maîtresse a demandé qui ne l’était pas et qu’il a été le SEUL à lever le doigt …
Alors, il fallait savoir ce qu’on voulait, hein ?! On ne pouvait pas le mettre dans une école catholique et espérer passer au travers des mailles du filet !J’y voyais un inconvénient ? Non ? Bin, très bien, JE n’avais qu’à en parler à papa…Voilà, voilà … tout le fun est donc pour Bibi …

Tout devrait bien se passer, pourtant, le papa en question ayant toujours prôné la liberté d’expression et religieuse.
Oui, il a bien tenu à ce que ses enfants aillent dans une école catholique, mais pas n’importe quelle école catholique. CETTE école catholique ! Diss ouane ! Celle-là même qui l’a accueilli, éduqué, lui et ses frères (non, il ne s’appelle pas Rocco), dont le cadre sans barrières, ni clôtures, au milieu des pins, l’a enchanté et a développé, chez lui, l’importance accordée à toute forme de liberté.
C’est pour cette raison qu’il n’a pas voulu baptiser les enfants à la naissance : ils ont le droit de choisir ! Choix de leur religion, choix du moment où ...

Bon, ça tombe bien, parce que le moment de leur choix (ou, tout du moins, celui du Père Benoit), c’est vendredi 19 juin à 10h.

Une blancheur suspecte s’installe sur les joues de Cher et Tendre…
J’agresse (arme fatale féminine, je vous le concède !) : « Quoi ?... Ne me dis pas maintenant que tu ne veux pas ?
- Pas du tout ! Pas du tout ! C’est son choix, je l’ai toujours dit … Mais je vous avertis … Pas question pour moi d’assister à une messe ! ».
Ah bin voilà, je le sens bien, encore ce coup-là … Qui c’est qui va encore se faire avoir ?...

Le Gnome se positionne donc pour être baptisé avec quelques autres hérétiques des classes scolaires inférieures.
Confronté aux grommellements paternels à chaque fois qu’il tente d’évoquer le sujet à la maison, il comprend vite que le silence est d’or et se contente d’entonner quelques chants (« accepteuh ces quelques fleurs, Seigneur … ») dans l’appartement.

Arrive la première messe des familles, étape obligatoire dans le déroulement du processus. Les parents sont fortement attendus.

Avec le même entrain que Muriel Robin, dans son sketch « Patricia », je cache ma joie …

Surprise ! Les chants sont nombreux, gais, entonnés par tous les enfants qui reprennent les paroles à plein poumons, les discours personnalisés ne sont pas rébarbatifs, bref, je découvre un univers inconnu et assez loin de ce que j’imaginais.Tellement loin que lorsque le Père Benoit demande à tous de s’embrasser, je réponds « merci, merci, merci, oh, c’est gentil » à tous ceux qui me serrent la main en me donnant du "la paix du Christ" et en espérant expressément que tout ce petit monde ait une hygiène manuelle irréprochable, sinon, on est tous bon pour la castapiane collective ! 
Une dame m’explique alors qu’il faut que je réponde aussi « la paix du christ » … Aaaah … Pas de fantaisie, alors ? Pas de «Yo, brother ! Gimme five !», encore moins d’humour « Déjà, on dit LE pet du Christ, d’abord … ».

Bon… Je le saurai.
L’année se déroule et effectivement, nous traversons trois messes de famille, durant lesquelles je souhaite bien consciencieusement « la paix du Christ » à tous ceux qui me serrent la main, sans même avoir prévu un gel antibactérien hydro alcoolique (erreur que n’aurait JA-MAIS commise une de mes sœurs, Coco, par exemple ! Note pour plus tard : « Trouver un prétexte pour faire venir Coco … »)… Prénom Gaulois : Goudurix ! Même pas peur !

Puis … vers le mois de mai, un mercredi matin, à 8h30, le téléphone sonne.

Les enfants dorment encore, j’ouvre un œil et tente une mise en position verticale relativement rapide, sans me prendre les pieds dans les jouets qui trainent.

J’éructe un :
« Bwhallo ??.. », façon Lapin Crétin.

Une voix bien loin d’être angélique ou pleine de paix, m’agresse :« Mme S ??... Je vous signale que nous attendons Le Gnome pour notre retraite de la journée !». Dans les brumes du sommeil, je bafouille : «La retraite de qui ?? Ch’comprends rien à ce que vous me dites …».
A la limite du « Dis donc, la morue ! De quoi tu me causes, à l’aube du chant du coq, que y a dégun de retraité chez moi ! ».

La voix monte d’une octave et articule comme si elle s’adressait à une personne d’une intelligence défaillante :

« Aujourd’hui, une retraite religieuse est prévue sur la journée ! Nous sommes dans le bus et nous vous attendons pour pouvoir partir ! Vous bloquez 15 enfants et deux accompagnatrices, madame ! ».
Retraite de quoi, quand comment ? Le Gnome m’en avait vaguement parlé, il me semble. Vite, vite, trouver une réponse :« Biiiin, ça va pas être possible, le mercredi, Le Gnome a tennis … ».

Ouhais, je sais, on fait mieux, comme réponse…

Ca n’a pas loupé. La voix hurle :
« CO-AAAAAA ??? - coasse la grenouille de bénitier (celle-là, je l'aime bien ...). Vous vous moquez de moi ?? Alors, je vous informe que cette étape est une étape EU-bli-ga-toire dans le chemin vers Dieu et que si votre fils préfère jouer au tennis plutôt que de suivre le chemin divin, qu’il ne compte pas se faire baptiser !! ».
Nom de … ZEUS ! Le cerveau a intérêt à se réveiller en un quart de seconde ! J’imagine déjà la déception du petit et hors de question pour moi d’avoir risqué ma santé en serrant les paluches microbiennes de tout le monde pour rien !

« J’arrive !!!! Bloquez le bus encore 10 minutes et je suis là ! ». La voix ne négocie plus :« Vous avez dix minutes, pas une seconde de plus, c’est … ».
Je ne la laisse pas terminer et raccroche. « Amsoul ! ».

Je me précipite dans les chambres des petits, allume les lumières, leur jette des vêtements multicolores et multiformes tout en expliquant ce qui vient de se passer.
Je cloue sur place Usain Bolt dans un marathon de l'au-delà, qui m'emmène jusque dans ma chambre, enfile toujours en courant (essayez … pas passée loin de la double fracture faciale contre le mur du couloir… ) un short, un tee shirt, renonce à toute forme de sensualité en n’apposant aucun maquillage sur mon visage parcheminé comme une carte routière, grâce aux plis de l’oreiller !

Le Gnome arrive en courant, l’œil entrouvert, le cheveu hirsute, les vêtements enfilés à la va-que-je-te-pousse, la bave séchée au coin de la lèvre.
La petite sœur arrive également : « Maaaaais, je suis pas coiffée … ». Où va se nicher la futilité, tout’de même, à un moment où l’on joue notre vie !! …
« On s’en fout ! Vite, vite ! Dans la voiture, viiiiite ! ».

Et là … J’avais le choix entre rouler vite et voler bas.
Si les cinq minutes qui ont suivies avaient été qualificatives pour un grand prix automobile quelconque, Jean Todt m’aurait supplié de rejoindre la Scuderia …

Quitte à jouer au pilote, je jette ma petite Toyota en travers de la route, devant le bus, histoire de le stopper net, si l’idée lui était venue de partir sans MON fils… ou d’avoir 3 morts écrasés sur la conscience !
Le Gnome sort en courant, grimpe dans le bus, je me précipite à la rencontre de la Walkyrie dématérialisée :

« … Il n’a pas de pique-nique ?... » demande-t-elle, lèvres pincées.
Ah oui… C’est ça … Il fallait un pique-nique …

Honteuse et en embrassant rapidement mon fils qui grimpe dans le car sous les hourras de ses copains, je lui tends un billet de vingt euros en lui recommandant de s’acheter quelque chose à manger, dans « sa retraite », n’importe quoi, on s’en fout, c’est pas grave ! Et je fais coucou, essayant d’éviter le regard réprobateur des autres parents, à mes côtés :« ‘R’voir ! ‘R’voir ! »…
La Gnomette (sa sœur) et moi reprenons notre petite vie jusqu’à 16h30, heure de retour des jeunes retraités !

Le Gnome descend du car, lance des « bye » à tous ses potes et vient vers moi: « Alors ?? C’était bien ? Tu as trouvé de quoi manger ?
- Nan, c’était en pleine forêt. Mais t’inquiète, mes copains, ils m’ont tous donné quelque chose, j’ai mangé comme un goinfre !
- Ah, très bien, c’est super gentil de leur part. ».
Puis, après un instant de réflexion :
« Et mes 20 euros, alors, tu en as fait quoi ? ».
Son œil brille :« Surprise ! ».
Il farfouille dans ses poches et sort un petit sachet en papier kraft blanc. Il l’ouvre et fait descendre des objets dans le creux de sa main :
« Comme on est allé dans une église, il y avait un magasin de souvenirs et je vous ai acheté des croix à toi, papa et La Gnomette ! ».
Fièrement, il me montre. La mienne est rose, celle de sa soeur est jaune :« Et papa, il va être content, la sienne est rouge… pour aller avec son maillot du rugby quand il ira au stade ! ».

… J’imagine déjà la joie du Père !

Enfin … rien de comparable à ma tête lorsqu’en septembre de l’année suivante, La Gnomette rentre de l’école :
« Cette année, je veux me faire baptiser !! » …


… Bon … Pas d’autres solutions : Choper Coco ! … 






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samedi 20 septembre 2014

Kill Bill ! . . . Ou du moins, essaie, quoi !!

Je ne sais pas si vous vous souvenez, têtes-en-l’air que vous êtes, mais nous sommes quatre sœurs. Attention, à la fin de l’année, il y a un quizz, vous avez intérêt à avoir juste où je vous envoie Jo … 
Celle-ci étant vraiment la petite dernière, pendant des années, nous avons vécu à trois : J’avais quatre ans de moins que ma soeur aînée, Djiz et deux de plus que ma petite sœur, Coco … (Calcul mental, en plus !). 


Les vacances, à cette époque, restaient des périodes bénies. 
Nous vivions dans les années 80, tous les pédophiles n’étaient pas encore lâchés en pleine nature, nos parents avaient grandi dans les années 60 (flower, peace, love, briques et pavés dans la tête et certainement, quoiqu’ils en disent aujourd’hui, quelques substances étranges que je suis convaincue, Marcel Serdan donnait à Edith Piaf pour qu’elle voit la vie en rose, parce qu’à moi, on me l’a fait pas, c’est pas parce qu’on te prend dans des bras, que tu vois la vie en rose, à moins d'être sacrément défoncée ! 
Sinon, on se promènerait tous dans les rues, agglutinés les uns aux autres, comme des salières et poivrières imbriquées. Et je ne sais pas si vous avez vu ce qui arrive aux pauvres bougres qui tentent le panneau au-dessus de leur tête, en pleine rue « Free hugs » ? Bin, pas grand chose ! Fermez la parenthèse ! … Et les PINK FLOYDS … Naaaan, c’est pas trop mortel, ça, comme nom ??... Les flamands roses, whou … Pourquoi pas les Canaris Jaunes ou les Perruches Mauves… Y a pas du nom de débile pour un groupe exceptionnel, certes, mais à la limite de l'overdose ?... Et qu’est-ce qu’il chantait ? « Another brick in the wall ». Où on en revient à la brique dans ta face, donc, c’était bien une période de « ça plane pour moi » en rose avec des potentiels maçons en puissance ! Cette fois, je referme vraiment la parenthèse, parce que sinon, je vais partir sur l’ouvrier des Village People ou les autres scarabées à frange qui nous voyaient tous vivre dans un sous-marin jaune… etc. Aaaaaah, quelle belle époque ! ). 


BREF … Vous êtes toujours avec moi ? 
On reprend.

Lors de cette période relativement calme et encore confiante, mes sœurs et moi bénéficiions d’une certaine liberté. 
Nous avions la chance d’habiter un petit village, à côté de Manosque, dans les Alpes de Hautes Provence. 
Ce lieu était bordé d’une pinède, dans laquelle nous passions beaucoup de notre temps. 
Nos copains, exclusivement garçons, y avaient construit une cabane et nous nous y retrouvions souvent avec bonheur et simplicité. Nous, on ne se shootait qu’aux Raiders et Treets, nous ! 
Il nous arrivait aussi, mes soeurs et moi, d’avoir envie de profiter de ces 4 planches en bois dans un arbre, seules et peinardes, histoire d’y faire le ménage, d’arroser les plantes et de laver les rideaux … 
Ouhais, même moi, ça me fait rire en l’écrivant... 


Par un doux matin estival, nous voilà donc parties toutes les trois, à vagabonder entre les pins. Nous avançons, en parlant et en écartant les branches et nous nous rapprochons peu à peu du « désert de Gobi », que nous devons absolument traverser pour atteindre « la cabane ». Ce désert étant une clairière asséchée, où le soleil tape dur. 


Le chemin est étroit, nous procédons en file indienne.
Djiz, 14 ans, marche en tête. Alors, là, je viens de vous donner une indication sur nos âges respectifs. 
Alors que nous arrivions aux frontières du « désert », le choc : ce dernier n’est pas désert du tout ! 
Au milieu, un chien, debout, qui ronge un os ! Une espèce de clébard miteux, visiblement convaincu d’être le Maître des lieux ! 


Nous nous immobilisons tous les quatre … Nous, plus que lui, il faut admettre. 
Il nous fixe et soulève une babine. Un grognement guttural se fait entendre. Parfois, un simple avertissement suffit, mes soeurs et moi décampons en sens inverse à la vitesse de Buzz l’Eclair, vers l’infini et au-delà ! 


Nous nous arrêtons un peu plus loin, essoufflées, perturbées et perplexes. Nous devons absolument traverser cette zone pour aller, puis rentrer chez nous. 


Et c’est là que le courage de ma sœur aînée intervient : Celle-ci se reprend immédiatement. 
En tapant du poing de sa main droite dans la paume de sa main gauche, elle nous harangue : 
« Non, mais ça, c’est pas possible ! On est obligé de passer par là ! On est obligé de traverser Gobi ! A l’aller et au retour ! On va pas se laisser emmerder par un clebs ! D’où il vient, d’abord ?! On est chez nous ! C’est lui qui doit se barrer ! ». 
Admiratives, nous la regardons, des étoiles dans les yeux. 
« Et puis, d’abord, moi, je fais du judo, s’il m’emmerde, ce chien, je lui fais une prise de judo, je le cloue au sol et mieux, je lui mets un coup de pied dans les roustons, ça va le calmer ! ». 

INVICTUS ! Djiz Mandela ! … Enfin, dans notre cas, ce sera plutôt Mandeplula, mais ne brûlons pas les étapes … 


Nous voilà reparties, en file indienne à nouveau, Coco et moi, derrière la Grande Guerrière, la Patronne, la Déesse de la guerre, Diane chasseresse, qui avance d’un pas sûr et ferme, vers une clairière où elle allait régler son compte à ce cabot minable en moins de deux ! 


A quelques mètres de la zone de combat, toutefois, une stratégie se met en place, afin de déstabiliser l’adversaire ... 


Djiz se tourne vers nous et, d’un mouvement de la main, nous fait passer devant : 
« Passez devant … comme ça, il ne me verra qu’au dernier moment et je pourrai lui tomber dessus sans qu’il s’en aperçoive ! » 
La ruse du Sioux … Pas de problème ! Pleines de confiance que nous sommes en la toute puissance de la sœur aînée, il ne nous vient pas à l’esprit que ce Sioux aurait pu s’appeler Vole-avec-le-vent ou Court-plus-vite-que-leurs-ombres ! 


Nous voilà … enfin … ME voilà en tête de ce chemin, quand même, pas tout à fait rassurée sur la capacité du chien à se rendre compte que son véritable killeur était caché derrière nous… 
Et c’est bien ce qui se produisit …. 
A peine arrivées à l’orée du bois, le loup (oui, parce que, franchement, plus on avançait et plus ce chien devenait monstrueux) nous attend, presque surpris que nous n’ayons pas compris au premier coup de klaxon, quoi … 
Il nous regarde et émet un nouveau grognement sourd.

La scène suivante se passe, dans mes souvenirs, au ralenti … à l’exception, de la partie «Djiz», qui restera gravée en moi comme un remake de Benny Hill, avec le bonhomme qui part dans une course éperdue, poursuivi par une armée de personnes décidées à avoir sa peau. Alors… deux enfants, ça parait mince comme «armée de personnes», mais «décidées à avoir sa peau», croyez-moi … Pas passée loin, la bougresse … 

Dès le premier ronflement du canidé, Coco et moi nous tournons afin de laisser la place à Dark Vador et son sabre laser ou Ninja Kid et son coup de pied retourné ! 
Ah ça … pour du retourné … C’était du beau retourné !! 
Le seul souvenir clair que j’ai, avant la panique absolue et la fuite désespérée, ce sont les cheveux de ma soeur aînée, qu’elle avait très longs et bruns, flottant au vent dans son dos, et excessivement loin de nous, en sens inverse ! 


Alors, après, ma brave dame… Le flou, le trou noir, l’iceberg et le but ultime : fuir et sauver sa peau, avec le poids du barda sur le dos, en essayant de ne pas penser aux copains qui tombaient comme des mouches autour de nous ni au bruit des pales des hélicos survolant les collines de Saïgon… 


Je ne me souviens plus de l’excuse que ma sœur a du nous sortir, à ce moment-là. 
Après tout, elle était petite encore quand même et avait le droit, comme nous, d’être terrifiée. 
En étant l’aînée, elle ne pouvait décemment pas nous tenir un autre discours. Il fallait qu’elle nous protège. Nous attendions d’elle une solution ! Elle n'avait pas le choix ! 
Bon. On le sent bien, là, que j’essaie de lui trouver des excuses ? 

Ceci étant dit,  j’ai eu ma vengeance pour être passée si près d’un triple AVC… 
Cette histoire s’est passée, il y a 32 ans, j’ai du la raconter 256 381 fois et j’ai même réussi à la glisser dans une chanson commune et familiale, le jour de son mariage ! 

Enfin, je lui ai promis que lorsque nous serons vieilles, baveuses, presque séniles et sur notre lit de mort, je lui soufflerai à l’oreille : 
« Eh, Djiz … tu te souviens ?... Le chien ?... ».
Et si elle n’est pas tout à fait morte, elle me dira : 
« Mais c’est pas possible, ça ?! Jusqu’au bout, tu vas me la faire ???? ».
Et je lui répondrai, d’un ton compatissant et vicieux : 

« … oui …. ».





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mercredi 10 septembre 2014

Pas d'télé ?. . . pas d'télé !

J’ai trois sœurs. Je suis la seconde. 

Notre nom de famille commence par un P et bien que notre père ne soit absolument pas médecin (ni cuisinier, ni électricien, ni réparateur de WC, ni poseur de lits superposés ... papa, si tu me lis ... ), on nous a parfois surnommé les quatre filles du Docteur « P », en référence, nous le savons tous, je n'en doute pas, aux quatre filles du Docteur March, le roman de Louisa Alcott, sorti dans les années 1868/1870. 

On a nous également appelé quelque fois, les quatre fantastiques, mais allez savoir pourquoi, plus rarement … Mais le surnom dont on nous a le plus souvent affublé était les Dalton… Ce qui avait le don d’enchanter ma sœur aînée, vous le comprendrez aisément !

Le plus petit des Dalton, Jo, est réputé pour son caractère ombrageux et colérique et ma plus jeune sœur, en grandissant, colle bien souvent au personnage (j'en profite, elle est loin, elle peut pas me frapper... ).


Elle travaille dans la police et il faut, selon les cas, prendre des gants de soudeur pour aborder certains sujets qui pourraient la contrarier. Elle est loin d’être méchante ! Elle a plutôt tendance à être sanguine … 
Et bien qu'elle n’attaque pas toujours en premier, soyez sûr qu’elle répondra très vite à la moindre sollicitation, même involontaire… 

De plus, dotée d’un grand sens de la répartie, elle ne mâche pas ses mots qu’elle a fleuris et imagés. 

Aller sucer un ours, par exemple, doit être une épreuve extrêmement dangereuse, voire douloureuse, à laquelle bien peu d’humains en tous cas, doivent avoir envie de se frotter ! 

Lorsque le téléphone sonne chez mes parents, elle sait qu’une fois sur deux, nous allons avoir la chaaance de tomber sur le démarcheur qui veut nous faire gagner des canapés en cuir, des cuisines équipées, des voitures de luxe, des yachts à mettre dans le jardin, la Tour Eiffel, le  Taj mahal …etc… . 


C’est donc de façon naturellement méfiante que ce matin là, appelons-la Jo, décroche le téléphone qui sonne. 

A l’autre bout du fil, une voix d’homme : 
« - Mme "P" ? » 
Jo, voulant voir venir … 
« - Mouiii ?  
- Bonjour, ici Darty, Mme "P". Cet appel pour vous informer que nous serons chez vous, cet après-midi, comme convenu, pour la réparation de votre télé. » 

Rire bref de ma sœur et réponse immédiate : 

« Euuuuh, non, ch’crois pas, non. Il doit y avoir une erreur, notre télé marche très bien, merci. 
L’agent au bout du fil insiste : 
« Je suis désolé, vous êtes sur notre planning, nous serons chez vous, cet après-midi à partir de 14h. » 
La répartie fuse : « Mais va te faire téter les yeux, je te dis que notre télé marche, viens pas me gonfler ! ».
Et sur ces mots pleins de sagesse, elle raccroche. 

Ce qui n’était pas prévu, c’est qu’elle tombe sur un caractère équivalent au sien, un homologue masculin.

Quelques secondes, après, le téléphone retentit à nouveau et la voix est vraiment agacée : 
« Non, mais ho ! On raccroche pas au nez des gens comme ça !! ». 

Là … tous les ingrédients sont réunis pour faire prendre une belle mayonnaise, bien assaisonnée, voire avec un peu d’ail pour corser tout ça, un bel aïoli qui empuantit bien la gueule ! 

Jo réplique : 
« Maaaais de quoi ?? Mais va te faire un peu voir ailleurs si j’y suis ! »

Devenus amis, il était visiblement temps de passer au tutoiement. 

The dartyman ne démord pas, le bougre : 
«  Je te signale que j’ai TON nom sur ma liste ! C’est bien "P" que tu t’appelles, je rêve pas ??? -        
- Ah non, mais t’es comme mon père, toi, tu crois qu’on est les seuls "P" au monde ou quoi ? Je te dis que notre télé marche ! 
- Et moi, je te dis que tu as pris rdv !! Tu crois que j’ai que ça à foutre, un samedi matin, que de me bloquer des rdv bidons ? 
- Mais comme je m’en bats les steaks de ta life ! Si t’es pas capable de tenir un planning, c’est ton problème, t’es neuneu, t’es neuneu ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise !! 
- CO-A ? Attention ! Je te signale que j’ai ton adresse, là !! Je vais venir te fumer la tête ! 
- SERIEUX, MAIS JE T’ATTENDS, VIENS QUE JE TE DEFOURAILLE GRAVE !!! 
- OUHAIS J’ARRIVE ! AU 30 RUE DES POMMIERS, TU VAS PRENDRE CHER ! » 

Et là, gros blanc … Plus calmement, ma sœur demande : 

« Heeuuu, t’as dit quoi, comme adresse ? » 
L’autre répète, un peu vénère encore, tout de même. 
Ma sœur rigole : « Bon, tu peux toujours venir mais moi, j’y serai pas ! … J’habite absolument pas au 30 rue des pommiers, tu t’es gouré d’adresse, garçon. » 
Le garçon en question, plus calme, s’étonne : 
- Nan, sérieusement ? T’habites pas au 30 rue des pommiers ? 
- Mais non, je te dis, ça fait deux plombes que je te répète que ma télé marche. On a eu affaire à Darty, il y a quelques semaines pour la cuisine. Tu as peut-être associé mon nom à la mauvaise adresse, tu t’es gouré, quoi … » 

Là, du coup, franche rigolade entre les deux garnements ! 

Le bonhomme embraye : 
« Nos conversation sont enregistrées, je vais faire écouter celle-là à mon chef, on va rigoler pendant trois semaines ! » 
Et de se quitter sur du : 
« Bon, alors, j’annule ? 
- Ah bin, clair ! Je sais pas pour qui elle était cette télé, mais en tous cas, pas pour la famille "P". 
- Ok, bon, alors à plus ! Bonne journée ! 
- Oui, toi aussi, ciao ! ». 
De vieux potos, quoi … ! 

Plus tard dans la matinée, ma sœur me raconte cette anecdote et nous en rions franchement. 

Nos parents doivent arriver l’après-midi, elle leur en parlera, je rentre donc chez moi. 
Puis, dans l’après-midi, je reçois un sms de Jo : 
« La télé … Darty … C’était pour la soeur aînée ! 30 rue des pommiers, c’est son adresse !... J’ose pas rappeler le gars… ». 


On en rigole encore.






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samedi 6 septembre 2014

Lâchez les fauves !

Il y a pire que la période de soldes dans les magasins de vêtements, pour une femme : la RENTREE SCOLAIRE !
J’adorais cette période, pourtant, lorsque j’étais lycéenne et semblais ne jamais devoir m’en lasser… Comme quoi, tout passe, tout lasse et tout fini par casser grave les ...ouilles !

Tout d’abord, cela implique une organisation méthodique, qui signifie une planification rigoureuse !

Pas question, cette année, de racheter un énième porte-vue rouge / 80 vues, alors que vous en avez acheté deux l’an dernier, exigés im-pé-ra-ti-ve-ment par le corps enseignant et qui sont restés à dormir bien au chaud, toute l’année, dans le placard familial !

Alors, on ressort tous les « ingrédients » achetés et non utilisés ou encore potables, au grand dam de nos chérubins, qui, visiblement sont persuadés d’avoir l’âne de Peau d’Ane dans le salon qui nous chierait des crottes en or massif tous les matins (enfin... en or ou pas, le premier qui me chie dans le salon, il va prendre cher), et on commence à « barrer » les éléments de la sacro-sainte liste …

Et là, vous vous rendez compte que rien n’a changé depuis le temps béni de votre propre scolarité : chaque professeur exige l’achat de la moitié du rayon papeterie d’une grande surface quelconque …
Pourtant, ces professeurs-là ne sont pas les mêmes que ceux que vous aviez, enfant !
Iles étaient ENFANTS, également ! Ils en ont bavé eux aussi, normalement, de porter, sur leurs frêles épaules, l’équivalent de la moitié d’un mammouth laineux ! Nous nous sommes tous penchés devant un quelconque médecin, en essayant, avec la souplesse d'un ventilateur sur pied et la foi de Bernadette Soubirou, de toucher nos orteils pour finalement entendre : « Il/elle a un début de scoliose… ».
« Mais allo, quoi !! » ?...
La théorie de la vengeance, vous croyez ?..

Bref…
Vous prenez votre courage à deux mains, quelques respirations qui feraient pâlir d’envie un apnéiste confirmé, une bonne suggestion mentale (« La violence ne résout rien, ne taper sur personne … ») et c’est le lâcher de fauves …

Dès l’entrée dans l’hypermarché, vous repérez rapidement les rayons qui se sont transformés en rayons scolaires et vous foncez … Pas de temps à perdre. Accélération, contre-dérapage, commence THE marathon : endurance et abnégation !

« Le Gnome, tu as bien la liste, hein ??
- Oui, man.
- Allez, on est dans les cahiers, dis-moi ce dont tu as besoin.
- Alors … en anglais : un grand cahier, 200 pages, carreaux seyes, à spirale … »
« 200 pages ?? T’es sûr ?? »
Cherche, cherche, cherche … ‘a pas trouvé !
« Bon, j’en ai trouvé un de 196 pages, ça le fera bien ! Mais pourquoi … POURQUOI ont-ils créés des cahiers à 196 ou 48 pages ?? Qu’est-ce qu’il s’est passé, bordel ?? L’imprimeur, à 48 pages, il a eu un infarct et personne n’était formé à le remplacer sur la machine à imprimer ??… Bref, carreaux comment, tu m’as dit ? 
- Seyes !
- Say yes ??? … Remarque, si c’est pour l’anglais, c’est peut-être normal…
- NON ! SE-YES !
- Ma Kezako seyes ????
- J’en sais rien, moi, elle a marqué Seyes ! »
La purée de ses os maudits !
Cherche, cherche, cherche… trouve un gentil monsieur qui me dit que ce sont les « gros carreaux ».
Grommelle qu’ils peuvent pas le dire, non, que ce sont les gros carreaux ou lieu de marquer « C Yes », ils disent bien « petits carreaux », si c’est pas du snobisme, ça … etc …
A moins que le nom scientifique soit « carreaux Séno » … Je sors … =>

Enfin, la victoire et le retour triomphant au chariot, tel un athlète participant aux JO scolaires… ou un crétin avec une clé, à Fort Boyard :
« J’ai ! J’ai !... »
Là, la douche froide :
« Man, ils ont dit « à spirale »…
- Mais y a PAS « à spirale » !!! C’est soit relié, soit à petits carreaux !!!! Mais à spirale, carreaux séyes et 200 pages, ça n’existe pas !
- … Faudrait voir à Charlemagne …
- Mais même pas en rêve, quoi ! J’ai que ça à faire, peut-être ? Douze magasins pour trouver UN cahier !! Bon… Ensuite ?
- Arts plastiques : de l’encre de Chine mais en tube, pas en flacon ! »

… Je sens que ça va être long …

Enfin, après plusieurs allers-retours dans les rayons, des découvertes enrichissantes (« des feuilles de dessins de couleurs MI-VIVES ???... Pourquoi ?? Y en a qui peuvent être MI-MORTES ??? »), une plongée rafraichissante dans certains problèmes mathématiques (« Dans un rayon d’1 mètre 50 de large, si 2 chariots de 60 centimètres de large chacun, sont immobilisées face à face, de combien de millimètres disposera le vôtre pour passer entre les deux … »), un épanouissement social non négligeable (« sept milliards d'humains sur terre … Et ch'uis sûre qu'y en a AU MOINS quatre milliards et demi à Carrefour aujourd'hui... Les cons... »)… enfin, la ligne d’arrivée :
LA CAISSE !

Pour plus de rapidité et mettant un mouchoir sur vos craintes quant à l’emploi des caissières, vous avez choisi la « scannette », qui vous a permis de scanner vos achats au fur et à mesure, espérant ainsi, gagner de précieuses minutes.
C’est sans compter l’informatique et la paranoïa de la grande surface : « Merci de donner votre scannette à une hôtesse pour une relecture ».
L’hôtesse est bien évidemment seule et submergée par quatre autres couples aux chariots pleins, qu’il faut vérifier !

Avec un soupir résigné, vous décidez d’entrer en méditation et de prendre votre mal en patience. C’est là que vos enfants vous achèvent :

« Ouhais … Man, l’an prochain, si ça t’ennuie pas, tu iras seule, hein … Non, parce qu’en fait, c’est le travail des parents, ça … Nous, ça nous bouffe la matinée, quoi ! ».


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