samedi 6 septembre 2014

Lâchez les fauves !

Il y a pire que la période de soldes dans les magasins de vêtements, pour une femme : la RENTREE SCOLAIRE !
J’adorais cette période, pourtant, lorsque j’étais lycéenne et semblais ne jamais devoir m’en lasser… Comme quoi, tout passe, tout lasse et tout fini par casser grave les ...ouilles !

Tout d’abord, cela implique une organisation méthodique, qui signifie une planification rigoureuse !

Pas question, cette année, de racheter un énième porte-vue rouge / 80 vues, alors que vous en avez acheté deux l’an dernier, exigés im-pé-ra-ti-ve-ment par le corps enseignant et qui sont restés à dormir bien au chaud, toute l’année, dans le placard familial !

Alors, on ressort tous les « ingrédients » achetés et non utilisés ou encore potables, au grand dam de nos chérubins, qui, visiblement sont persuadés d’avoir l’âne de Peau d’Ane dans le salon qui nous chierait des crottes en or massif tous les matins (enfin... en or ou pas, le premier qui me chie dans le salon, il va prendre cher), et on commence à « barrer » les éléments de la sacro-sainte liste …

Et là, vous vous rendez compte que rien n’a changé depuis le temps béni de votre propre scolarité : chaque professeur exige l’achat de la moitié du rayon papeterie d’une grande surface quelconque …
Pourtant, ces professeurs-là ne sont pas les mêmes que ceux que vous aviez, enfant !
Iles étaient ENFANTS, également ! Ils en ont bavé eux aussi, normalement, de porter, sur leurs frêles épaules, l’équivalent de la moitié d’un mammouth laineux ! Nous nous sommes tous penchés devant un quelconque médecin, en essayant, avec la souplesse d'un ventilateur sur pied et la foi de Bernadette Soubirou, de toucher nos orteils pour finalement entendre : « Il/elle a un début de scoliose… ».
« Mais allo, quoi !! » ?...
La théorie de la vengeance, vous croyez ?..

Bref…
Vous prenez votre courage à deux mains, quelques respirations qui feraient pâlir d’envie un apnéiste confirmé, une bonne suggestion mentale (« La violence ne résout rien, ne taper sur personne … ») et c’est le lâcher de fauves …

Dès l’entrée dans l’hypermarché, vous repérez rapidement les rayons qui se sont transformés en rayons scolaires et vous foncez … Pas de temps à perdre. Accélération, contre-dérapage, commence THE marathon : endurance et abnégation !

« Le Gnome, tu as bien la liste, hein ??
- Oui, man.
- Allez, on est dans les cahiers, dis-moi ce dont tu as besoin.
- Alors … en anglais : un grand cahier, 200 pages, carreaux seyes, à spirale … »
« 200 pages ?? T’es sûr ?? »
Cherche, cherche, cherche … ‘a pas trouvé !
« Bon, j’en ai trouvé un de 196 pages, ça le fera bien ! Mais pourquoi … POURQUOI ont-ils créés des cahiers à 196 ou 48 pages ?? Qu’est-ce qu’il s’est passé, bordel ?? L’imprimeur, à 48 pages, il a eu un infarct et personne n’était formé à le remplacer sur la machine à imprimer ??… Bref, carreaux comment, tu m’as dit ? 
- Seyes !
- Say yes ??? … Remarque, si c’est pour l’anglais, c’est peut-être normal…
- NON ! SE-YES !
- Ma Kezako seyes ????
- J’en sais rien, moi, elle a marqué Seyes ! »
La purée de ses os maudits !
Cherche, cherche, cherche… trouve un gentil monsieur qui me dit que ce sont les « gros carreaux ».
Grommelle qu’ils peuvent pas le dire, non, que ce sont les gros carreaux ou lieu de marquer « C Yes », ils disent bien « petits carreaux », si c’est pas du snobisme, ça … etc …
A moins que le nom scientifique soit « carreaux Séno » … Je sors … =>

Enfin, la victoire et le retour triomphant au chariot, tel un athlète participant aux JO scolaires… ou un crétin avec une clé, à Fort Boyard :
« J’ai ! J’ai !... »
Là, la douche froide :
« Man, ils ont dit « à spirale »…
- Mais y a PAS « à spirale » !!! C’est soit relié, soit à petits carreaux !!!! Mais à spirale, carreaux séyes et 200 pages, ça n’existe pas !
- … Faudrait voir à Charlemagne …
- Mais même pas en rêve, quoi ! J’ai que ça à faire, peut-être ? Douze magasins pour trouver UN cahier !! Bon… Ensuite ?
- Arts plastiques : de l’encre de Chine mais en tube, pas en flacon ! »

… Je sens que ça va être long …

Enfin, après plusieurs allers-retours dans les rayons, des découvertes enrichissantes (« des feuilles de dessins de couleurs MI-VIVES ???... Pourquoi ?? Y en a qui peuvent être MI-MORTES ??? »), une plongée rafraichissante dans certains problèmes mathématiques (« Dans un rayon d’1 mètre 50 de large, si 2 chariots de 60 centimètres de large chacun, sont immobilisées face à face, de combien de millimètres disposera le vôtre pour passer entre les deux … »), un épanouissement social non négligeable (« sept milliards d'humains sur terre … Et ch'uis sûre qu'y en a AU MOINS quatre milliards et demi à Carrefour aujourd'hui... Les cons... »)… enfin, la ligne d’arrivée :
LA CAISSE !

Pour plus de rapidité et mettant un mouchoir sur vos craintes quant à l’emploi des caissières, vous avez choisi la « scannette », qui vous a permis de scanner vos achats au fur et à mesure, espérant ainsi, gagner de précieuses minutes.
C’est sans compter l’informatique et la paranoïa de la grande surface : « Merci de donner votre scannette à une hôtesse pour une relecture ».
L’hôtesse est bien évidemment seule et submergée par quatre autres couples aux chariots pleins, qu’il faut vérifier !

Avec un soupir résigné, vous décidez d’entrer en méditation et de prendre votre mal en patience. C’est là que vos enfants vous achèvent :

« Ouhais … Man, l’an prochain, si ça t’ennuie pas, tu iras seule, hein … Non, parce qu’en fait, c’est le travail des parents, ça … Nous, ça nous bouffe la matinée, quoi ! ».


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