vendredi 31 mars 2017

"Ca fait UN PEU mal" …

Allez, j’avoue… Je suis un peu hypocondriaque ! Juste un peu ! A peine … 

C'est-à-dire que pour un hématome sur le bras, un soir, j’ai traîné Cher et Tendre aux urgences jusqu’à 3 heures du matin. 

Le côté drôle de l’histoire … Oui, parce que quand même, il a bien fallu que je tente de rendre la chose humoristique puisqu’au départ, ça ne l’a pas fait rire du tout ! Le côté drôle, disais-je, c’est que victime d’insomnie depuis plusieurs nuits, il s’était décidé ce soir-là à prendre un somnifère … Après avoir émergé difficilement de l’au-delà, conduit jusqu’à l’hôpital dans un état proche de la mort cérébral, il a donc fini sa nuit, sur une chaise en plastique bleue d’une salle d’attente d hôpital, filet de bave au coin de sa bouche ouverte et ronflant doucement, bras croisés sur la poitrine ! 
Même pas compatissant de l’angoisse mortelle dans laquelle je me débattais … Je pouvais faire une phlébite du bras droit et mourir, là, maintenant, le laisser veuf et mes enfants orphelins, il s’en fichait, il dormait enfin ! 

Oui, mes enfants se moquent encore de moi, oui…

Mais le paradoxe, c’est que j’entretiens une réelle méfiance envers le corps médical. 
Le seul en qui j’ai une confiance aveugle, c’est mon dermatologue. 
Cet homme grand, énergique, proche de la soixantaine, a des diagnostics immédiats, clairs, précis et justes. 
Il a quand même refusé par deux fois le résultat du microscope sur une biopsie qu’il avait effectué sur mes jambes, alors que je souffrais d’une maladie tellement rare que nous étions seulement deux cas, recensés en France. 

Pour l’anecdote digressive, sachez que les photos de mes jambes font le tour de France et du monde, au gré de colloques dermatologiques et qu’elles participent même à des jeux, dans les soirées entre médecins, répondant au thème de « celui qui a le cas que personne n‘a vu encore, gagne ». 
Un jour que je me déshabillais chez un docteur remplaçant, celui-ci avait halluciné, puis ri : « Nan ? C’est pas vrai, c’est vous ?... ». 
Et ouhais, les gars ! Y a pas de la célébrité, là !?

Ce docteur a donc posé son diagnostic d’une façon rapide et tranchée, m’a révélé le nom de cette affection, qui, bien évidemment, est juste imprononçable et a eu l’humilité de faire confirmer sa découverte par un ponte de la dermatologie. 
La réactivité et la certitude de ce monsieur m’ont quand même évité d’être traitée pour une pseudo Sarcoïdose.
Enfin, grâce aux traitement et conseils de ces deux dermatologues, mes jambes sont aujourd’hui tout à fait normales et font crever de jalousie Adriana Karembeu !…

Vous l’aurez compris, ce médecin là, je le bénis et je lui ai interdit de prendre sa retraite. M’en fous ! Il a qu’à faire un Karoshi et mourir au travail ! 

Il y a quelques années, puisque j’ai une peau relativement merdique, j’émis l’hypothèse de me faire enlever quelques petits vaisseaux sanguins sur le visage. 
Mon Dermato-Ce-Héros, me proposa alors trois séances de laser, que j’acceptais.

Le jour J, avant de commencer, lorsque cet homme charmant me prévint « Attention, ne bougez pas, ça va faire UN PETIT PEU mal… », je le crus aveuglément. 
Nous n’avions simplement pas du tout, la même définition de « un petit peu ». A quoi ça tient, n’est-ce pas ?… C'est ballot, parfois, la vie … 

Allongée sur la table d’examen, des espèces de lunettes de plongée pour fourmis sur les globes oculaires, en toute confiance, j’acquiesçai lorsque Docteur Mamour annonça : 
« J’attaque ». 

Il ne plaisantait pas. Il m’attaqua réellement. 

Au premier rayon laser, mon corps s’infléchit immédiatement en position d’accent circonflexe latéral, les hanches dressées vers le plafond, les épaules collées à la table, le visage enraciné pour ne SURTOUT pas bouger, de peur que le bougre dérape.

J’exprimai mon désarroi et ma surprise d’un profond, guttural, sonore et tout sauf féminin « RROOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAOOOOO ! », tout en agrippant les bords matelassés de la table d’examen avec la ferme intention de les arracher et de lui refaire la déco intérieure de son cabinet. 

Alors, oui, parce que ça, je l’ai fait lors d’une prise de sang, dans le cabinet médical de l’actuel Maire d'une ville voisine, qui a préféré se reconvertir, visiblement… Mais c’est une autre histoire !

Lorsque la pression du laser se relâcha enfin  et que mon corps retomba dans une position normale, il me fallut quelque secondes pour me remettre du choc et de la douleur. 
Mes yeux larmoyants étaient certainement en train de fondre et avant que j’ai pu répondre à son : « Ca va ? », il reprit : « Allez, on y retourne ». 
Attend, attends, atteeeeeends, j’ai pas dit oui, j’ai pas dit oui, on retourne où, quand, comment, vas-y toi, mais moi, je vais rester là, hein !

Deuxième couplet : 
« MAIS RHHHHHHHHHHHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! ».. 

Oui  parce que quand je souffre, je VEUX que tout le monde le sache ! … Ce qui a conduit, pendant des années, mon esthéticienne à programmer mes séances d’épilation en solo, afin d’éviter de terroriser les autres clientes du magasin et par conséquent, à terme, de mettre la clé sous la porte. 
Moi, la souffrance intérieure, très peu pour moi. Je partage ce que je ressens. 

Le laser s’arrêta enfin … 
« Ca va toujours ? »
EST-CE QUE TU M’AS ENTENDU DIRE OUI, LA PREMIERE FOIS ? C’est quoi, ton problème avec les hurlements que je pousse ?
Alors, maintenant, t’es gentil Dark Vador, tu ranges ton sabre laser et tu me libères avant que j’appelle les Jedi en renfort pour te niquer ta race ! 
En des termes un peu plus mesurés et haletant de souffrance, je lui répondis quand même : 
« Non, mais ça tue, votre truc ! ».
 « Oooooh, oui, ça picote un peu, mais c’est supportable ». 

… Kesskiladi ? … SUPPORTABLE ?... Donne moi le, ton laser. DONNE MOI LE TOUT DE SUITE ! Je vais te tatouer ta face de traitre, tu vas voir comme c’est supportable ! Toi … Toi, le scélérat, mon docteuramoua, en qui j’avais une confiance sans borne ! J’ai été trahie !

« Allez, une dernière fois et ce sera bon pour aujourd’hui ».  
Attendez … On n’est pas pressé, là ? Hein ? On est bien, là, non ? On attend encore un peu, non ?... Non ?...Bon, c’est moi qui donne le top départ, alors, hein … Attendez, je suis pas prête. Attendez. Encore un peu. On y va, on y va ... Je compte jusqu’à trois… Un … RHOOOOOOOOPPPPPUUUUTAAAAAAAIND’SAMEEEEEEREUH ! J’AI PAS DIT DEUX !
Comment peut-on avoir fait des siècles d’études sans savoir compter jusqu’à 3 ? Le mystère demeurera entier.

Toujours est-il que je rentrai chez moi ce jour-là, rouge vif, brulée au moins au 46ème degré et sans plus aucune confiance en personne, laissez moi mourir ! 

Mais le lendemain, au réveil, alors que je tentais vainement d’ouvrir les yeux, Cher et Tendre se tournant vers moi, émit un cri qui résumait bien la situation : « Oh merde ! ». 
J’avais triplé de volume. Un bel œdème à faire pâlir d'envie Elephant Man ! Il ne faisait pas nuit, je ne parvenais simplement pas à décoller mes cils. Quant à mes joues que j’ai toujours eu rebondies (oh, ça va, hein !), elles semblaient gonflées à l’hélium, sans le côté fun de la voix de Chipmunk qui va avec ! 

Cet état a duré tout le weekend (Merci Seigneur, je ne travaillais pas !) et je vous laisse imaginer la réponse fleurie et imagée que j’ai faite à mon Docteur Folamour lorsqu’il m’a proposé de faire la deuxième séance…

DTC, toubib, DTC…